S’enraciner

Aujourd’hui, c’est la fête de Sainte Catherine.

En Angleterre, on se souvient probablement mieux que Sainte Catherine a donné son nom au feu d’artifice qui évoque immédiatement les souvenirs des incidents nocturnes de Guy Fawkes, où la roue Catherine est clouée au poteau de la clôture du jardin et, invariablement, ne tourne pas parce qu’elle a été clouée trop étroitement ; s’envole pour pétiller dangereusement ailleurs parce qu’elle n’est pas suffisamment clouée ou finit par mettre le feu à la clôture.

La roue à pointes sur laquelle Catherine était condamnée à mourir après avoir refusé les avances de l’empereur Maxence s’est comportée de façon tout aussi imprévisible. Au lieu que les pointes déchirent sa chair en lambeaux alors qu’elle tournait, la roue s’est cassée et les pointes ont fini par voler dans la foule tuant un certain nombre de curieux. Hélas, le sursis fut de courte durée pour la pauvre Catherine qui fut décapitée avec une épée.

Sainte Catherine devint tout naturellement la patronne des vierges et ici en France, la journée était traditionnellement marquée comme celle des jeunes femmes célibataires en quête d’un mari.

‘Sainte Mia……Pitié, donnez-nous un époux car nous brûlons d’aimer…..’

Si les prières des jeunes filles restaient sans réponse et qu’elles atteignaient l’âge de 25 ans sans avoir trouvé de prétendant, elles étaient connues sous le nom de Catherinettes.

Au 19e et au début du 20e siècle, les jeunes filles, dont beaucoup travaillaient comme modistes et couturières, fabriquaient des bonnets extravagants en vert (signifiant l’espoir) et en jaune (signifiant la foi) pour que leurs amis célibataires aient connaissance de leur besoin de trouver un mari.

Les Maisons de Mode de Paris ont adopté cette tradition et le défilé annuel de la Saint Catherine le long des Champs Elysée a été l’occasion de montrer leurs talents de chapellerie, de passer une journée de travail à faire la fête.

La tradition s’est aussi instaurée dans d’autres milieux professionnels qui ont également fêté leurs Catherinettes.  Bien qu’à une échelle beaucoup plus réduite, la tradition de fabrication de chapeaux se poursuit aujourd’hui.

Aussi créative que je puisse l’être, je n’ai pas fait de chapeau. Au lieu de cela, j’ai observé une autre tradition de la fête de la Sainte Catherine française et j’ai planté le bel olivier qui était un cadeau d’anniversaire que certains de mes merveilleux voisins m’ont offert cet été.

Après l’avoir soigneusement entretenu pendant les derniers mois, en lui donnant beaucoup d’eau, j’ai vu les olives passer d’un vert citron vif au noir violacé et les avoir récoltées prêtes à être salées. Et j’ai patiemment attendu la fête de la Sainte Catherine car on dit que ‘tous les arbres y prennent racines’. J’ai soigneusement choisi mon emplacement en concertation avec les experts, Thierry qui s’occupe des jardins de la Maison Lamothe et ma voisine Pascale qui a cultivé à Flamarens pendant la majeure partie de sa vie.  Le temps était magnifique mais c’était un travail épuisant.

J’espère juste que j’ai tout bien fait et que, comme moi, il prendra racine ici et sera heureux dans cet endroit que je considère comme ma maison pour toujours.

Michelle Martinez 25 novembre 2020